Titre

De la salle de réveil à la SSPI, évolution de la prise en charge ?

Y-a-t-il encore des accidents au réveil

Auteur

Docteur Patrick LOEB

CH Saint Philibert - Lomme

Développement historique de la salle de réveil

Les complications liées à l’administration d’agents anesthésiques furent connues presque immédiatement après l’introduction des premières anesthésies par inhalation vers le milieu du XIX siècle . Malgré des observations précises et une mortalité importante, il n’existait  alors aucune structure spécifique, aucune équipe particulière ni aucun protocole de surveillance dévolu au réveil. Même si la première salle de réveil (3 lits) ouvre en 1923 , il faudra attendre les années 1950 et l’essor de l’anesthésiologie comme spécialité médicale,  pour voir se généraliser les soins postopératoires précoces. La publication de données épidémiologiques fiables au milieu des années 1960 indique clairement la nécessité de réunir les patients dans une même unité de lieu après une intervention et le bénéfice lié à leur surveillance  par une équipe entraînée. A cette même période se développent les scores d’évaluation (Carignan puis Aldrete) toujours utilisés aujourd’hui. Si les progrès des techniques chirurgicales et anesthésiques et si les textes législatifs ont permis de réduire considérablement la morbidité post-opératoire précoce, les complications sévères nécessitant un traitement en salle de réveil ne sont pas exceptionnelles.

Incidence des accidents en salle de réveil

Une étude prospective incluant 18473 patients admis en salle de réveil dans un hôpital        universitaire montrait un taux de complications de 23.7%. Après la douleur, les problèmes les plus couramment rencontrés étaient les nausées et les vomissements (9.8%), l’obstruction des voies aériennes supérieures nécessitant un traitement approprié (6.9%), et l’hypotension (2.7%). Les autres complications étaient des troubles de la température corporelle, des anomalies hydro-électrolytiques, des effets secondaires majeurs des drogues et des problèmes neurologiques.

Une autre étude prospective suédoise incluant 13610 patients retrouvait un taux de complications de 47% pendant la période post-opératoire immédiate. Les problèmes principaux étaient la rétention vésicale (19.7%), l’instabilité hémodynamique (1.4%), des anomalies significatives du système nerveux central (7%), une dépression respiratoire (5%).

D’autres études ont analysées plus spécifiquement les complications critiques respiratoires et cardiaques en salle de réveil. Les investigations sur les problèmes respiratoires critiques montrent une incidence comprise entre 1.3 et 2.9%. La fréquence des problèmes cardio-vasculaires aïgus se situe entre 0.9 et 3.5%.

Bien qu’aucune publication n’ait relevé directement la mortalité en salle de réveil, une étude portant sur la mortalité durant les 24 heures post-opératoires objectivait qu’un tiers des décès pouvait être attribué à des évènements critiques survenus en salle de réveil. 

Facteurs de risques et conséquences

La plupart des études montrent que les complications sévères sont plus corrélées à l’importance du geste chirurgical qu’à la technique anesthésique.

Les accidents cardio-vasculaires et respiratoires augmentent avec l’âge, le tabagisme actif et les maladies rénales. L’intubation trachéale et le statut ASA sont également des facteurs de risques reconnus.

Il a été démontré que l’hypertension et la tachycardie quand elles étaient associés en salle de réveil  augmentaient significativement le risque d’admission en soins intensifs et la mortalité intra hospitalière.

Les complications respiratoires nécessitant une intubation trachéale, l’instabilité hémodynamique, l’insuffisance rénale aiguë, l’œdème pulmonaire aigu et les altérations sévères du système nerveux central, même si elles surviennent rarement doivent être diagnostiquées et prises en charge rapidement. Un niveau de vigilance élevé doit être maintenu en salle de réveil. La présence permanente d’un médecin anesthésiste n’est toutefois pas indispensable. Il est probable que la mesure préventive la plus importante pour lutter contre ces complications sévères reste une bonne communication entre infirmiers, chirurgiens, anesthésistes.